Rencontre avec Jean-Claude VIOLLET

Député de la Charente

Conseiller Municipal d'Angoulême

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Vous êtes donc un député heureux ?

Je suis simplement un député qui s'efforce de remplir au mieux le mandat qui lui a été confié, au plus près des réalités, des citoyens, des forces économiques, sociales, associatives, et des élus des 94 communes de la circonscription, avec la ferme volonté d'aider notre département de Charente à dépasser ses difficultés, à faire mieux prendre en compte ses besoins, ses attentes, ses projets, pour que la croissance aujourd'hui retrouvée soit, chaque jour, source d'un peu plus de mieux-être pour le plus grand nombre de nos concitoyens.

Vous êtes aussi conseiller municipal, en tant que conseiller municipal, quelle est votre appréciation en matière d'urbanisme et de développement économique de la ville d'Angoulême ?

Sur la politique d'urbanisme, (j'ai une petite expérience professionnelle dans ce domaine pour être un ancien de l'Equipement), je regrette que, depuis une dizaine d'années, on ne travaille plus qu'au coup par coup. Parce qu'en matière d'urbanisme, la seule approche qui vaille, c'est de commencer par penser globalement pour ensuite agir localement. Prenons l'immeuble Charbonneau, au carrefour Barrouillet, par exemple ; alors qu'il est situé au cœur du Pôle Image, à coté du vaisseau amiral de Magélis qu'est le CNBDI, et bien on le vend, à vil prix, puis on le rachète, au prix fort, et enfin on le laisse des années sans affectation particulière, en proie aux dégradations du temps et… des hommes. Mais c'est la même chose pour l'îlot Saint Joseph en plein centre ville, à deux pas de la magnifique place du Minage, acheté voilà des années au prix fort, récemment revendu à perte, et aujourd'hui toujours en attente de projet bien défini. Comme c'est aussi le cas de l'îlot Jean Moulin à Ma Campagne avec les "850" logements, dont le projet de requalification, que j'évoquais précédemment, n'en finit pas de sortir.

Depuis combien de temps aussi entend-on parler du réaménagement du " Champ de Mars", un projet important qui semblait un moment être porté par la ville et qui aujourd'hui paraît être à nouveau passé aux oubliettes, alors qu'on a laissé se faire l'aménagement de La Gâtine, encore une fois sans prendre en compte, dans leur globalité, tous les problèmes d'urbanisme, de logement, de développement des services, et en particulier du commerce, des déplacements, dans ce secteur clé de la ville et de l'agglomération.
En matière de politique économique, il y a, à mon sens, une vraie difficulté, un manque de lisibilité et, au final, d'efficacité du fait de la multiplicité des acteurs, et des outils. Ainsi, on a le Syndicat Mixte pour le Développement Economique de l'Agglomération d'Angoulême, Charente Développement, la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Angoulême, la Communauté d'agglomération du Grand Angoulême,…et il me semble, pour le moins, que ces acteurs n'agissent pas aujourd'hui avec la volonté d'une approche globale, cohérente, forte et dynamique, quand ils ne sont pas en situation de rivalité larvée ou, pire encore, d'affrontement ouvert et … public, ce qui est absolument dramatique pour l'aménagement et le développement économique et de l'emploi sur notre territoire. Pourtant, il me semble qu'il y a un certain nombre de principes simples, et déjà mis en œuvre par de nombreuses agglomérations et départements. Il s'agit d'abord de la maîtrise du foncier, qui n'est pas assurée comme elle devrait l'être, puis des dispositifs financiers, qui méritent d'être clarifiés, mais aussi le soutien à la création d'activités, avec la mise en place d'incubateurs, de pépinières d'entreprises, pour permettre qu'une idée, un projet soient immédiatement pris en charge, le temps de sa maturation, de la vérification de sa faisabilité technique, économique, puis, le cas échéant de sa concrétisation et de son développement . Au-delà, il nous faut avoir une réflexion sur les filières porteuses de développement économique et d'emploi. Nous avons des filières traditionnelles, comme la filière mécanique dont la DCN Ruelle est la base, mais avec tout un tissu de petites et moyennes entreprises qu'il convient de mieux mettre en réseau autour. Je pense aussi à la filière électrique et électrotechnique autour de Leroy Somer, de la Saft, de Schneider, qu'il nous faut également conforter. Mais il y a également l'agroalimentaire, avec notamment une filière viande de très grande qualité, et c'est pourquoi je me bats pour trouver une solution d'avenir aux abattoirs d'Angoulême car il n'est pas pensable d'avoir développé des productions telles que les nôtres, avec un souci permanent de la qualité, avec une totale traçabilité, et qu'on ne valorise pas ces productions sur place, afin d'en garder ici la valeur ajoutée. Et puis il ne faut pas oublier la filière de l'imprimerie, du façonnage, autour notamment de l'emballage, où il y a aussi beaucoup à faire. Mais il y a aussi des filières nouvelles ! L'image, rencontre entre le riche passé de notre département de Charente, autour du papier, et la modernité de l'image d'abord fixe et maintenant animée, en trois dimensions, interactive. L'environnement aussi, un secteur porteur, sur lequel, en utilisant les compétences existantes à la SNPE, notamment, on pourrait développer un pôle d'excellence en terme de formation, recherche, et processus industriels, notamment autour du tri de la réutilisation ou de l'élimination des déchets, et en particulier des déchets industriels. Je crois que l'agglomération d'Angoulême, notre département de Charente, doivent très rapidement se doter d'une nouvelle politique économique, et qu'on a tous les moyens pour le faire, des filières traditionnelles fortes, d'autres, nouvelles, pleines de promesses, et surtout des hommes et des femmes, des chefs d'entreprises dynamiques, pleins de projets, pénalisés aujourd'hui par la multiplicité des lieux de décision, leur trop faible réactivité, une insuffisante mise en réseau. Des défauts qu'il nous faut corriger au plus vite, si nous voulons pleinement profiter de l'embellie économique !

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