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Quel est votre sentiment vis à vis de la nouvelle économie
et d'Internet ? Ne pensez-vous pas que les pouvoirs locaux doivent favoriser
l'accès des populations à ces nouvelles formes de communication
? Si oui : comment ?
Il va y avoir un réseau de communication grand débit
pour Magélis, mais ailleurs que se passera-t-il ? Nous devons
veiller à ce que ne se créent pas de nouvelles inégalités
territoriales. Internet est un moyen extraordinaire de communication
qui doit certes être au service de toute l'économie, mais
aussi de la démocratie locale. Et il est de la responsabilité
politique d'une collectivité de permettre l'accès du plus
grand nombre à ces technologies. Comment faire ? Il faut ouvrir
dans nos quartiers des espaces multimédias, accessibles à
un coût très bas, voire gratuit. Et puis il y a aussi,
des enjeux en matière de formation, et je suis attaché
à l'idée d'une université en ligne, pour la formation
initiale et continue.
On entend parfois dire que les gens ne se parleront plus, mais à
l'expérience, c'est complément l'inverse. A travers un
espace forum, ils découvrent le besoin de communiquer, de se
rencontrer pour se connaître et poursuivre la discussion ; il
y a même des modérations, des médiations qui s'opèrent
ainsi, naturellement. C'est une chance extraordinaire, à la condition
que ce ne soit pas un nouvel outil d'exclusion ce qui nécessite
de l'ouvrir au plus tôt, dès l'école. De même
avec l'Intranet, dans une collectivité, on a une efficacité,
en terme d'économie de fonctionnement, mais aussi de transparence,
à travers une plus grande facilité d'accès à
l'information pour les entreprises, les citoyens.
C'est pourquoi l'impulsion doit être politique. D'autant que je
suis convaincu qu'on n'en est encore qu'aux balbutiements mais que justement,
les premiers qui auront ce temps d'avance feront la différence,
pour la conquête de ce nouveau champ.
Dans le passé, vous avez déclaré votre opposition
au cumul des mandats et notamment le cumul : Député. Maire
d'une grande ville.
Votre position a-t-elle changé ? Si non dans l'hypothèse
de votre élection au poste de maire, quel est le mandat que vous
seriez amené à choisir ?
D'abord je ne fais pas d'hypothèses. Ce n'est pas moi qui décide
de mon mandat, ce sont les électeurs et c'est bien ainsi ! Mais,
ceci étant, je peux vous confirmer ma position de fond, mon hostilité
au cumul des mandats, et ceci pour trois raisons.
Tout d'abord la disponibilité : un parlementaire doit être
totalement disponible pour l'exercice de son mandat. Aujourd'hui je
suis député d'un département, élu sur une
circonscription et je suis au service des habitants et des élus
des 94 communes, à égalité. C'est l'engagement
que j'ai pris en 1997 et je m'efforce de le tenir. Une anecdote : lors
d'une inauguration, dans une commune rurale, le maire faisait remarquer
que la dernière fois qu'un parlementaire était venu officiellement
dans sa commune, c'était en 1920 pour l'inauguration du monument
aux morts. Cela m'a frappé et j'étais content d'être
celui là, qui soutient les élus locaux, par ma présence,
mon écoute. Cela fait partie de mon travail parlementaire et
cela le nourrit, l'enrichit chaque jour.
Ensuite la transparence : quand j'interviens, c'est en tant que député.
Quand je parle des abattoirs d'Angoulême, la presse dit que je
tiens le même discours que les élus ruraux. Et bien oui,
parce que je suis député et que je m'exprime là
sur ce que j'estime être l'intérêt de l'ensemble
de la filière viande. Et quand j'estime que la Ville d'Angoulême
ne fait pas ce qu'il faut, je le dis.
Le renouvellement enfin. Le cumul peut prendre deux aspects : l'exercice
de plusieurs mandats en même temps et le cumul d'un même
mandat dans le temps. Or, si on enfile plusieurs casquettes les unes
par-dessus les autres et si, en plus, on les garde longtemps, cela ne
favorise pas le renouvellement du personnel politique. Et on a besoin
de ce renouvellement parce qu'il y a le vieillissement biologique des
gens mais aussi l'usure dans la fonction. Ainsi, des jeunes et des femmes
s'engagent en politique et j'en suis personnellement heureux et fier.
La question subsidiaire, je suppose, c'est : puisque vous êtes
contre le cumul, qu'est-ce que vous allez lâcher, et qu'est-ce
que vous allez garder ? Pour le moment je suis député
et je continuerai mon mandat jusqu'en 2002. Mais je suis aussi candidat
aux élections municipales de 2001 à Angoulême. Le
sort des élections municipales et le sort des élections
législatives relèvent du scrutin populaire. Pour l'instant,
je puis donc seulement vous garantir que vous me verrez en tant que
député jusqu'en 2002. En 2002, le Parti Socialiste désignera
ses candidats aux élections législatives, passées
les élections municipales, et cantonales, d'ailleurs de 2001.
On verra alors dans quelle configuration politique nous serons. Mais
je n'aurai vraisemblablement pas varié dans ma position sur le
non-cumul des mandats ; je suis même de plus en plus convaincu
de cette nécessité, bien que la loi ne l'impose pas, voyant
chaque jour, dans l'exercice de mon mandat de député,
tout ce que je n'arrive pas à faire.
Quelles sont, selon vous, les qualités dont doit faire preuve
le Maire d'une ville comme Angoulême ?
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La première qualité c'est d'aimer
sa ville ! Le maire, ce n'est pas quelqu'un qui est au-dessus ou
à coté mais qui est avec, qui prend du temps, qui
est au plus près des habitants, des forces vives, économiques,
sociales,
. Si on veut mener une politique qui change véritablement
le quotidien, qui rende la vie meilleure pour le plus grand nombre,
il faut être immergé dans sa ville, respirer avec elle.
Une expertise est certes nécessaire pour la recherche des
solutions, mais après avoir senti les choses du dedans. Il
faut que ce soit une façon d'être, avant d'être
une façon de faire.
La deuxième qualité, c' est d'être un chef d'orchestre
et non un homme orchestre. Pas un homme qui fait, ou veut tout faire
mais un homme qui anime son conseil, c'est à dire son équipe,
mais aussi qui écoute, et
entend son opposition. Parce
que l'opposition a sa place, elle est un miroir pour l'action de
la majorité municipale, elle est un contre pouvoir nécessaire,
elle oblige la majorité à se poser toutes les questions
de fond, à justifier ses choix, ce qui permet d'en vérifier
la pertinence.. Le conseil municipal est un lieu où doivent
pouvoir s'exprimer des avis. |
On doit y retrouver les avis même qui on fait partie d'un débat
en équipe majoritaire, induisant la décision. Enfin, le
maire, en bon chef d'orchestre, doit jouer avec l'ensemble des forces
vives, des acteurs de sa ville. Avec les acteurs économiques,
en particulier, parce que ce n'est pas la mairie qui crée les
emplois et que le politique doit être un soutien au développement
des projets des entreprises. Le maire doit créer le mouvement,
l'entretenir, le soutenir et cela ne se fait pas par quelques apparitions
; cela passe par son implication forte et l'établissement d'une
relation de confiance. Il faut que l'ambition d'un maire pour sa commune,
son territoire, puisse être totalement partagée. Ce qui
signifie plus concrètement qu'il doit veiller tout spécialement
à ce que le développement ne profite pas qu'à ceux
pour qui çà allait déjà plutôt bien
! Et qu'il lui faut aller chercher tous ceux qui sont encore au bord
du chemin.
A quelle autre question auriez- vous aimé répondre
?
Peut être, pourquoi j'ai relevé le challenge de me présenter
aux élections municipales de mars 2001, ici, à Angoulême?
Parce que j'aime cette ville, j'aime ses gens et, au moment où
la situation générale s'améliore, je ne peux supporter
cette impression que la ville , l'agglomération, ne tirent pas
tous les bénéfices de leurs atouts. Parce que la ville
n'est pas en capacité aujourd'hui de se mobiliser pour libérer
toutes ses énergies, permettre aux gens d'exprimer leurs projets,
alors qu'on a tant besoin de cette dynamique, de ce mouvement. C'est
vrai que c'est un investissement important, un choix de vie, mais je
ne conçois pas ma vie autrement. Et j'ai envie de relever ce
défi. J'ai envie de démontrer que dans cette ville dans
cette agglomération, dans ce département, avec touts les
atouts dont on dispose, c'est possible !
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