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L'autre Jane

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Derrière la chanteuse, comédienne, metteur en scène, auteur, Jane Birkin, il y aussi et surtout une femme attachante, engagée et concernée par l'authenticité des « Gens vrais » et leurs relations.


Son souci de véhiculer la langue française à travers le monde lui a permis de rencontrer ces Gens qu'elle dit « vrais », déjà grâce aux Francofolies de La Rochelle, Berlin et au Canada. Puis avec les chansons de Serge Gainsbourg, elle a pu découvrir des pays et s'impliquer dans leur cause. Comme à Sarajevo, par exemple, où elle a partagé le quotidien des femmes et des enfants dans « leur lieu d'incarcération ». Pour elle, la culture est un lien et une force en temps de guerre : « quand il ne vous reste plus rien, il y a les mots ».

Ainsi, ces jeunes femmes qui apprenaient des passages de Madame Bovary pendant la journée pour pouvoir les réciter dans l'obscurité le soir à la veillée, ou ces autres qui préféraient utiliser, au détriment de leur cuisine, leur huile « à se ruiner les yeux » pour lire. Elle cite en autre exemple celui de l'Algérie où les femmes se « dévoilent » lorsqu'elles parlent français, utilisant « les chansons de Serge comme des métaphores, pour dire les choses directement ». Ou encore cet orphelinat baptisé « Sous le soleil exactement », alors que les enfants « n'ont pas le droit de sortir derrière le grillage ». Ces enfants apprennent « les mots de Serge ».

Quand tout va mal, « les gens s'accrochent aux poètes ».

Dans ces moments difficiles, les gens deviennent plus authentiques et les relations humaines plus fortes, plus nécessaires : « dans les zones de guerre, c'est là que le meilleur sort des gens ».

Ce n'est pourtant pas dans ces pays-là, « que les gouvernements s'impliquent forcément le plus ».



Elle explique alors que des personnes dont on parle peu ou pas s'engagent de façon très personnelle dans le quotidien de ces pays. Telle « cette psychiâtre féminin de Lyon » qui aide les enfants victimes des trauma de la guerre à retrouver l'usage de la parole en évacuant leur peur en plusieurs étapes : gestes, dessins, et enfin les mots. Pour Jane Birkin, c'est un peu utiliser l'art comme médiateur, comme thérapie : « l'art est nécessaire ».


L'art, comme le théâtre, celui qu'elle a découvert tardivement à 35 ans: « il n'est jamais trop tard ». Elle avait une fausse idée du théâtre où les comédiens « parlaient faux et fort », « une idée décalée ». Elle a la chance de découvrir une pièce mise en scéne par Patrice Chéreau qu'elle qualifie de « visionnaire ».

Cette révélation la conduit à se lancer sur les planches avec Chéreau entre autres. Elle devient aussi une spectatrice cultivée. Pour elle, « le théâtre ça change la vie, ça rend curieux ». C'est pourquoi, elle a envie de le faire découvrir aux jeunes en leur offrant par exemple « deux places pour le prix d'une ». Le théâtre serait alors plus accessible à tous. Elle pense qu'il faut aussi « amener les jeunes vers le théâtre », à l'instar « d'une maitresse d'école » où d'un parent.



Elle est d'ailleurs la première à mettre en pratique ses convictions puisqu'elle essaie de faire passer son amour pour le théâtre à ses filles, Kate, Charlotte et Lou aussi bien comme spectatrices que comme comédiennes, tout comme l'avait fait et continue à le faire sa propre mèreavec le théâtre: « Maman m'a pris par la main », ou son frère avec la littérature... Pour elle, la famille semble très imporatnte et étayante...

Le virus du théâtre et de l'art seraient-ils hériditaires?







Rencontrée peu avant la représentation, son trac et son angoisse de jouer ont permis de mettre à jour cette facette ô combien sensible de Jane Birkin. Sans doute avait-elle ce jour là plus envie de parler des « Gens vrais » que d'elle-même...


Mise en ligne le 2 mars 2000