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Lionel Guillemot, 30 ans, jeune enseignant chercheur vient de soutenir sa thèse consacrée au chomâge et aux chomeurs en Poitou-Charentes à l'Université de Poitiers (mention très honorable et félicitations du jury). Cinq années de recherche à explorer la géographie régionale du chômage...Rencontre...
Quels ont été les outils de ce travail de recherche ?
J'ai travaillé sur différentes sources : des données statistiques bien sûr, bibliographiques, des données du ministère du travail. J'ai également mené plusieurs enquêtes sur le terrain, notamment auprès de chômeurs.
Quels sont les principales conclusions de votre travail ?
Tout d'abord, si on considère les statistiques globales du chômage, la région Poitou-Charentes se situe un point au dessus de la moyenne nationale. Mais de fortes disparités régionales existent.
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Lesquelles ?
Le premier paradoxe concerne le littoral charentais qui exerce un fort attrait auprès des chômeurs. Or, ce flux de chômeurs est en décalage complet avec le tissu économique local qui n'offre pas suffisamment d' emplois.
Le deuxième paradoxe mis en évidence dans ce travail, est le très faible taux de chômage dans les campagnes qui s'explique en fait par l'exode rural.
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Quelles sont les zones de notre région les plus touchées par le chômage ?
Tout le littoral ainsi que les villes de Châtellerault et Angoulême. Pour ces dernières, il s'agit de bassins industriels importants qui ont subi les crises économiques. Si certains chômeurs ont pu partir, d'autres, notamment les plus âgés (45 ans et plus) ne peuvent pas facilement partir alors qu'ils n'existent plus de réels opportunités de travail.
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Vous parlez dans votre thèse d' « espaces répulsifs », de quoi s'agit-il ?
Ce sont des zones géographiques où il existe peu d'opportunités de travail comme Châtellerault ou Angoulême par exemple. Dans le cas d'Angoulême, un signe révélateur de la crise est la paupérisation du centre ville : certains commerces ferment, y compris des magasins qui d'ordinaire résistent (comme les commerces de vêtements). On peut remarquer que ces zones présentent une image négative pour le grand public, justifiée ou non (dans le cas de ces deux villes, la crise industrielle marque particulièrement les esprits).
Pourquoi ne pas penser que les commerces du centre ville souffrent tout simplement de la féroce concurrence des grandes surfaces ?
Bien sûr. Cependant, il demeure frappant de constater qu'à Angoulême, une proportion assez élevée de commerces est à l'abandon en plein centre-ville contrairement à ce que l'on observe dans les autres villes du Poitou-Charentes. C'est pour moi une illustration du dynamisme économique global du bassin.
Vous parliez de « mauvaise image » pour la ville. Que voulez-vous dire exactement ?
Angoulême est connue grâce à son Festival de la Bande Dessinée, ce qui est bien, mais trop peu durable : trois, quatre jours puis plus rien. Et puis, on entend trop souvent parler de ce qui ne marche pas sur Angoulême. Si vous considérez le cas de Poitiers par exemple, et son Futuroscope ou son Université, nous avons une « image de dynamisme » qui profite largement à la ville.
Angoulême a quand même un certain « cachet » !
C'est l'angoumoisin qui parle !
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Qu'avez-vous observé dans les campagnes du Poitou-Charente ?
Le cas du Sud Charente est vraiment préoccupant.Il n'y pas ou peu d'emplois et les gens ne partent pas.Je tiens à signaler que nous manquons de données statistiques vraiment fiables dans ce dernier cas.
Quels moyens a-t-on selon vous pour inverser cette tendance ?
Une politique régionale solidaire comme le programme d'AIRE 198 (http://www.aire198.org) me paraît intéressant. Mais il faut se construire une image attirante, dynamique.C'est le cas du littoral charentais: l'image véhiculée attire les flux de chômeurs de façon importante mais également des entreprises.
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Le cas de Poitiers fait figure d'exception.
Oui. Le dynamisme économique y est fort et les flux de chômeurs moins élevés que sur le littoral, d'où un taux de chômage assez bas. Il faut préciser que les emplois de Poitiers ne concernent pas forcément l'activité du Futuroscope, bien au contraire.
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Mise en ligne le 2 mars 2000
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