LES CHEMINS DE LA DIGNITE
De George Tillman Jr., avec Robert De Niro, Charlize Theron, Michael Rapaport, David Keith, …

Durée 2h09


Les histoires vraies font-elles toujours des bons films ? Pas sûr. Car il faut être un vrai génie pour faire de la réalité une œuvre forte et inoubliable. On se rappelle tous du film de Lynch Une Histoire vraie, où d'un fait excentrique mais véritable, le réalisateur avait tiré une œuvre presque philosophique et d'une grande dignité, ce qui est la chose peut-être la moins maîtrisée dans notre société. Pour s'en persuader un bon zapping entre C'est mon choix, Loft Story, Bataille et Fontaine et un soupçon de Courbet démontre définitivement que les parangons de dignités de ces gens là sont beaucoup plus proches de la vulgarité et de la crétinerie que de la véritable civilité dont ils veulent être les référents.

Bien entendu, il y a pire. La classe des patrons de Marks & Spencer, les fanatismes religieux, la famine dans le monde, la peine de mort dans les pays qui se pensent civilisés, ou simplement la misère à nos portes sont un ramassis de faits vomitifs auxquels, impuissants, nous assistons tous les jours. George Tillman Jr lui va s'attaquer à une autre belle abjection : le racisme ordinaire.

Le gars de la Marine. En 1948, Carl Brasher est un homme ambitieux et courageux. Le seul problème est qu'il est noir et en Amérique, à cette époque là, c'était aussi bien vu qu'une femme chez les Taliban actuellement. Fils d'une pauvre famille d'agriculteurs, Carl a un rêve qui lui ferait soulever des montagnes. Alors que dans la Marine, les Noirs ne sont que des serveurs ou des cuisiniers, lui veut devenir plongeur mais pas dans l'eau de vaisselle. Il veut connaître l'ivresse des profondeurs océaniques et parvenir à son but coûte que coûte. Il arrivera donc à rentrer à l'école de plongée, et sera confronté à son instructeur qui ne boit jamais d'eau de peur de mélanger travail et plaisir.Cet alcoolique fini aime broyer du noir et est aussi un bagarreur de première. Essuyant les insultes de ces coéquipiers, Carl va se trouver pourtant un ami, Snowhill, avec lequel il partagera la même chambre. Mais l'amour fera surface lorsqu'il rencontrera en permission Jo, une charmante demoiselle

. Malgré les tortures mentales de son Maître Plongeur et les coups durs dans lesquels il perdra même une jambe, Carl persistera contre vents et marée et ira au bout de son rêve là où la raison s'achève. Si les acteurs sont bons et l'histoire à bon fond, la mise en scène et le scénario noyé

dans de trop bons sentiments n'arrivent jamais à dépasser un stade convenu et formaté labellisé " pur produit américain ". Dommage, car la véritable vie de Carl Brashear méritait d'être travaillée en profondeur et non pas de rester sur cette manichéenne ligne de flottaison.