|
LA CHAMBRE DES OFFICIERS |
||
Les courts des miracles. François Dupeyron est peut-être l'un des réalisateurs français les plus méconnus du public français. Pourtant depuis plus de 20 ans maintenant, il officie derrière les caméras. Il réalisa neuf courts métrages divins dont deux furent récompensés aux Césars. Fort de cette reconnaissance, il put petit à petit passer au long. C'est ainsi qu'il plongea dans le grand bain et se retrouva sur le bitume d'un parking de station service à filmer, tenez-vous bien (oui, tenez-vous mieux), Catherine Deneuve et Gérard Depardiou. Ce drôle d'endroit pour une rencontre, allait lancer le début d'une carrière qui ne trouva jamais réellement son public. A la base d'un " Pont entre deux Rives " qui aurait put faire le lien entre une grosse " Machine " mâle huilée et un " Cœur qui Bat " tout sensible, il ne fut pourtant jamais plébiscité par les spectateurs. Cela le poussa alors à retrouver ses racines qui sont profondément liées à la terre et à s'interroger sur la vaste question " C'est Quoi la Vie ? |
||
|
". Ce film simple et touchant sur des paysans confrontés à la crise montrait tout l'attachement que ce réalisateur pouvait avoir pour ces gens là. Et si de Dupeyron, nous passions maintenant à la Chambre ? … Le patient français. Août 1914, alors que la Grande Guerre vient de commencer et l'idée d'en découdre avec les Allemands motive plus d'un poilu. Adrien Fournier, beau garçon et juste gradé, est envoyé au front. Pourtant, avant son voyage au bout de l'enfer, il fait la rencontre de Clémence et passe la soirée avec elle.Mais la beauté de la jeune fille fera place rapidement aux horreurs de la guerre. Ainsi, dès sa première mission de reconnaissance, on ne le reconnaîtra plus. Blessé par un obus, il est défiguré à vie, son visage est en charpie sans charpo (patato). Un trou au milieu du visage, il n'a plus de palais. Gardant une dent contre ces combats, il va se retrouver pendant cinq ans à l'hopital du Val-de-Grâce dans une chambre sans miroir, réservée aux officiers | |
On ne se voit alors que dans le regard des autres " gueules cassées et déchiquetées " et cela est rarement rassurant. Ces compagnons de chambrée étant tous dans le même état de puzzle, les solutions envisagées pour s'évader de ces souffrances vont aller de la prière au suicide et de la sculpture au bordel. Avec l'aide d'un médecin et d'une infirmière attentionnée, il bataillera longtemps avant de pouvoir croire en une possible résurrection. Il tissera alors des liens amicaux avec deux hommes et une femme, jusqu'à fonder une véritable bande (Velpeau ?). Ils s'aideront alors à mieux préparer leurs réinsertions. Il s'agit d'un film qui nous parle d'amour et d'horreur, de détresse et de courage, de regard et de silence. En s'inquiétant de ces différentes fractures, Dupeyron n'est pas qu'un simple tâcheron qui s'amuserait à filmer la guerre, mais bien un artiste qui nous conduit là où il le souhaite. Ainsi, même si son film manque parfois de souffle, d'intensité ou de véritables réflexions, le thème reste fort et la première partie est bien plus brillante que n'importe quelle médaille.
|
|