LA PIANISTE

De Michael Haneke,
avec Isabelle Huppert, Benoît Magimel,
Annie Girardot, Anna Sigalevitch … ,

Durée 2h10

.

Musique au corps. Depuis toujours, la musique a toujours fait bon ménage avec le cinéma. Ainsi, nous comprenons que peu de Bandes Originales aient été composées par les 2 Be 3, François Feldman (que devient ? Que devient ?) ou Pierre Bachelet (ah, si pardon, lui, il a fait Emmanuelle et Gwendoline et il a fait de ces thèmes des tubes avec les Corons, ou encore l'An 2001).Pourtant la musique n'est ici qu'un prétexte ou plutôt un écrin dans lequel Michael Haneke va faire évoluer ses

. personnages. Car Haneke, réalisateur autrichien en perpétuel questionnement sur son art, n'est pas ici pour nous emmener à un concert de valses de Vienne (que devienne ? que devienne ?) ou à un concerto pour omoplate, mais à une violente symphonie en rut majeur un concerto pour omoplate

, mais à une violente symphonie en rut majeur Accords perdus. Erika Kohut, est une femme d'une quarantaine d'année qui est professeur de musique dans le très honorable Conservatoire de Vienne. D'allure sévère mais à la note juste, elle est de la vieille école et enseigne avec la droiture d'un barreau de chaise. .Pourtant, il y a un hic chez cette muse légèrement turlupinée. Dès que ses cours sont terminés, elle s'adonne à quelques phantasmes des plus pervers et des plus solitaires

. Elle se fait alors voyeuse et prend son pied en regardant faire les autres. Vivant seule avec une mère étouffante et castratrice, elle s'évade en s'infligeant des sévices corporels et en flânant dans les " pipes-chauds " où elle renifle en cachette les kleenex encore trempés. Mais un jeune étudiant, Walter Klemmer, âgé d'une vingtaine d'années tombera sous les charmes d'Erika. Elle passera alors du statut de maître à maîtresse et entraînera dans ses jeux pervers son jeune élève qui n'avait rien demandé. Après le piano, la voilà qui aimerait aussi jouer du corps.

. Haneke a ce qu'il mérite. Prix d'interprétation féminine, Prix d'interprétation masculine et Grand Prix du dernier Festival de Cannes, on peut dire que La Pianiste n'a pas laissé insensible les jurées

. Et c'est bien normal tant le propos est lourd et les performances impressionnantes. Et si pour le réalisateur c'est un peu variation sur les mêmes thèmes : rigueur du récit, provocation à la réflexion et réalisme parfois extrême, le public, lui entrera de plein fouet dans cette histoire et ne pourra en rester de bois, dont on fait les pianos. Certains même y verront peut être une parabole sur une Autriche qui vit encore avec des blessures secrètes et des vieux phantasmes qui réapparaissent par une extrême droite au pouvoir et d'un regard d'une mère qui se demande :

" Pourquoi est-ce que tu fais des choses comme ça ? ".