LE VOYAGE DE FELICIA


De Atom Egoyan, avec Bob Hoskins,
Arsinée Kanjian, Elaine Cassidy...

Durée 1h56

Atom Egoyan est un électron libre dans le monde du cinéma. Canadien d'origine, il filme ses histoires comme d'autres chassent l'orignal, c'est à dire avec le maximum de délicatesse possible.

S'étant fait remarquer au festival de Cannes en 1994 avec Exotica, puis trois ans après avec De Beaux Lendemains, avec lequel il reçut le grand prix du jury, sa dernière oeuvre qu'il nous présente aujourd'hui fut plus fraîchement accueillie. Pourtant on y retrouve le thème favori du cinéaste, c'est à dire s'intéresser aux gens et à leurs névroses dans un univers réglé au millimètre que rien ne devrait déranger.


Félicia a dix-sept ans et attend un enfant. Partant de chez ses parents, elle va tenter de retrouver son ami qui ne lui avait laissé que le nom de la ville où il habite.

Traversant vents et marées, elle débarque ainsi dans une petite ville très british à briques rouges où elle ne connaît rien ni personne. Elle va alors rencontrer Hilditch qui va tenter de l'aider. Hilditch est un homme au complet veston impeccable. Petit, gros et respecté dans l'entreprise où il travaille comme responsable culinaire, il mène une vie bien trop huilée qu'il n'y ait pas de taches.

C'est ainsi que sous les traits du gentil agneau dodu se cachent les mâchoires d'un loup à poils durs en mal de chair fraîche et dont notre Félicia, petit chaperon désabusé, pourrait bien devenir une nouvelle victime innocente.



Si Félicia est nommée dans le titre, c'est avant tout Hilditch qui intéresse le réalisateur. Ainsi, avec une partition parfois lente mais toujours enivrante, il nous brosse le portrait subtil d'un tueur véritablement humain dont on connaît la vie et les habitudes pures et soignées mais qui ne peut lutter contre cet instinct de folie qui le pousse irrémédiablement vers le crime. Bob Hoskins hante littéralement le personnage et donne au film toute sa froideur et sa perplexité.

Si cette oeuvre est un film d'ambiance où la lumière et les petits détails nous confinent dans un monde bien précis, c'est avant tout le cerveau d'un homme apparemment sain qu'explore le cinéaste pour en dégager toute l'horreur qui peut s'y camoufler. Bon appétit et si vous pouvez le voir en V.O. c'est encore mieux.