SLEEPY HOLLOW


De Tim Burton, avec Johnny Depp,
Christopher Walken, Christina Ricci,
Lisa Marie, Christopher Lee...

Durée 1 h 45

Si les chaussettes Burton sont des chaussettes que l'on peut se mettre aux orteils, ou sur les oreilles pour épater vos amis en imitant le chien (c'est bientôt mardi gras, pensez-y), Tim Burton lui n'est pas un réalisateur à mettre à l'index. Pensez donc, avec une oeuvre aussi flamboyante et délirante que la sienne, il est peut-être le plus génial des conteurs contemporains.

Avec Pee-Wee's Big Adventure, Beetlejuice, Edward aux Mains d'Argent, Batman 1 mais surtout le 2 qu'il faut revoir tant il y a de lectures possibles et de détails troublants, le petit Tim navigue dans une folie où le cauchemard n'est jamais loin de la poésie et où la noirceur côtoie un humour des plus débridés mais des plus personnels aussi. Même s'il a travaillé avec les plus grands studios américains et des budgets colossaux, il n'a jamais vendu son âme au diable même si pour ses 42 ans, il reste d'une incroyable jeunesse.

Et si d'autres suivent le vent des succès comme de simples opportunistes qu'il hait, lui sait d'où vient la neige (je me devais d'en faire une ligne) et suit son petit bout de chemin tel le véritable artiste qu'il est. Pour sa dernière oeuvre, il adapte la nouvelle d'Irvin Washington qui lui tenait particulièrement à coeur.


En l'an de grâce 1799, dans un coin reculé de la Nouvelle Angleterre se dresse le village de Sleepy Hollow. La vie pourrait être heureuse dans cette petite bourgade si un étrange cavalier noir ne hantait pas les lieux de sa funeste présence. Et encore, si ce n'était que cela... Mais voilà que ce sombre héros sans tête et sans chapeau a la fâcheuse tendance de décapiter à l'aide d'une épée et d'une hache les habitants de ce beau bourg.

Ainsi, depuis sa venue, si les villageois ne se fendent plus la gueule, lui s'en charge en mettant pas mal de coeur à son ouvrage. Dans une ambiance noirâtre et brumeuse, Ichabod Crane (quel drôle de nom pour une autruche), inspecteur new-yorkais, va alors enquêter sur cette série de décapitations pas très claires. Avançant à pas confinés, il s'intéressera très vite au personnage de ce chevalier mystérieux se demandant si il est un véritable meurtrier galopant au devant de martyrs innocents ou tout simplement le fruit d'hallucinations provoquées par la peur ou la liqueur régionale.

Faisant confiance à la science, Ichabod ne crânera pas forcément devant le piétinement de son enquête et son émotion non feinte pour Katrina, jeune fille à la beauté plus que troublante...


Un chevalier sans tête mais pas sans reproche. Avec une direction d'acteur impeccable, des costumes superbes, des décors fabuleux et une photographie d'un raffinement total on ne peut qu'être ébloui par la beauté magique et baroque de ce film à l'univers totalement envoûtant. Mais là où le bas blesse et où l'épée décapite, c'est au niveau du scénario pourtant confié à l'auteur de Seven. Tantôt creuse, cette histoire qui se relâche au milieu nous laisse parfois froid quant à son évolution, ce qui est fort dommage car ce film ne passe vraiment pas loin du chef d'oeuvre.

Mais il ne faut en aucun cas renier ce plaisir divin même si ce récit aurait sûrement gagné à avoir un côté plus humain avec de vrais sentiments dedans, mais comme me disait encore hier Marie-Antoinette "Tu sais, quand on a pas de tête..."