DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH

De Spike Jonze, avec John Cusack, Cameron Diaz,
Catherine Keener, John Malkovich (en chair et en peau )....

Durée 1h52


Portrait of a serial actor. Depuis quinze ans que sa silhouette de grand maigre avec des chaussures noires traverse le cinéma américain et parfois même européen, personne ne sait réellement qui il est. D'ailleurs qui est-il ce John Malkovich qui passe de l'univers des Liaisons Dangereuses z'avec Glenn Closed mais-t-aussi m'Uma Thurman au blockbuster, Les ailes de l'Enfer où il arborait fièrement un uniforme d'une très belle couleur orange q''aurait fait pâlir le Casimir de notre enfance ?


Même s'il ne renvoie pas le ballon, le gentil dauphin du dernier film de Luc Besson est un acteur d'une culture immense et d'une discrétion sans pareil. Ainsi nous ne pouvons qu'être surpris et intrigués par ce film où son nom est inscrit en toutes lettres dans le titre. Aurait-il pété un plomb ? Aurait-il, tel Rocco, un ego surdimensionné qui lui aurait donné la grosse... euh... tête ? Penserait-il que sa vie est si importante que l'on peut en faire un véritable film de fiction qui rameuterait les foules ? Pas du tout, car si je crois bien que c'est la première fois qu'un comédien participe à une oeuvre qui porte son nom et qui ne soit pas un documentaire, le film ne se veut pas une biographie sur un presque mort (comme ça arrive parfois), mais bien une comédie un peu barge avec une idée de départ aussi saugrenue que délirante.





Craig Schwartz est un artiste de rue qui gagne sa vie à la sueur du petit pantin qu'il manipule. Étant à la fin du rouleau, sa vie ne tient plus qu'à un fil de marionnette ce qui est assez fragile. Heureusement (?), il a Lotte avec laquelle il est marié depuis dix ans et qui n'a comme seule mission sur Terre que de récupérer tous les animaux mal en point et malodorants qu'elle rencontre. Malgré cette ménagerie, leur ménage ne rit plus, y a comme un manque de zeste dans leur vie de couple. Craig va alors tenter sa chance au bureau des archives pour un petit boulot et va rencontrer la belle Maxine qui n'est pas une petite boulotte. Tombant amoureux sur-le-champ, elle va l'envoyer sur les roses aussi sec.

Effectuant une recherche pour son travail, il va malencontreusement faire tomber un dossier derrière un meuble. Tentant de le récupérer, il va découvrir une petite porte qui l'emmènera dans un tunnel et va se faire aspirer par un puissant souffle d'air. Lorsqu'il se réveillera il vivra dans la peau d'un autre. Ainsi, si beaucoup se sont souvent demandés ce qu'il y avait sous le grand chapeau de tata Yoyo et dans la tête de Linda Hardy, lui en tout cas connaîtra tous les recoins et les moindres pensées du cerveau de John Malkovich, la vache !

Qu'est-il donc passé dans le cerveau de Charlie Kaufman (le scénariste ) et Spike Jonze (le réalisateur ) pour inventer une histoire comme celle-ci ? Ca, personne ne le saura jamais. Mais ce qui est sûr c'est que d'une histoire inimaginable et hasardeuse, le cinéaste sort une comédie brillante et irrésistible en y tentant quelques interrogations sur le rôle de l'acteur et de son investissement dans les personnages.


Il a d'ailleurs fait ici appel à une brochette de comédiens tous admirables. John Cusack est prodigieux, Cameron Diaz méconnaissable au possible et Malkovich exceptionnel même s'il défend un rôle qu'il connaît bien. Pour un premier film c'est un coup de maître puisqu'il remporta le grand prix du cinéma indépendant américain et celui de la critique internationale au dernier festival de Deauville. On attend avec impatience le deuxième film de Jonze car il serait dommage de couper l'orignal (ou l'élan, c'est comme on veut) d'un jeune cinéaste si prometteur. Alors engagez-vous avec plaisir dans cette peau lisse.