Sortie le

26 avril 2001

Elle est le i du mot envie. Les surprises, et surtout les bonnes, se font de plus en plus rares dans les salles obscures. Idées classiques, traitement facile, les derniers films présentés devant nos yeux hagards ne supportent bien souvent que le plaisir de la première vision.

Heureusement parfois, dans ce désert d'imagination où les mirages faussement créatifs tentent de faire illusion quelques miracles apparaissent. Rares et précieux, ils nous ensorcellent et nous envoûtent. Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain est de ceux là. Après Délicatessen et La Cité des Enfants Perdus avec Caro, Jean-Pierre Jeunet a voulu tout donner pour son public. Revenu d'une excursion aux U.S.A pour l'incroyable Alien IV qui aurait pu le dévorer tout cru mais dont il s'est savamment dépatouillé en gardant les pieds sur terre, Jeunet revient à ses premières amours. Une histoire tendre et généreuse où une trouvaille géniale illumine chaque plan

Elle est le i du mot magie. Je voudrais vous présenter une personne que vous n'oublierez plus jamais de votre vie : Amélie Poulain. Elle aime casser la croûte des crèmes brûlée, elle a eu un poisson rouge suicidaire, elle voit des lapins blancs dans les nuages et fait des ricochets dans l'eau. Cette brunette aux grands yeux ronds est entourée de gens plus pittoresques les uns que les autres. Il y a d'abord son père médecin qui ne prête attention qu'à son nain de jardin, une buraliste qui tousse, un épicier méchant qui a moins de cœur que ses artichauts, une concierge qui pleure, etc. … mais il y a aussi Nino Quincampoix. Il travaille dans un sex-shop mais il fait aussi le squelette dans un train fantôme et il collectionne les... et puis non, je ne vous le dirais pas… Amélie en est secrètement amoureuse. A l'heure où Lady Di embrassait pour la dernière fois le radiateur de sa Mercedes, Amélie va décider de changer la vie de ceux qu'elle côtoie. Pour rendre les gens heureux, il suffit parfois d'un petit rien et Amélie le sait bien. Alors, telle une Zorrette des temps modernes avançant masquée, elle va vouloir donner du bonheur aux gens de ses petits doigts de fée et de framboises.

Elle est les i du mot irresistiblimissime. Après le maintenant célèbre Abracada-brantesque, moi aussi je me mets à yoyoter et c'est bien normal. Car le chant d'amour, de bonheur et de poésie à la Prévert que nous propose Jeunet nous le permet. C'est simple, gai et parfaitement maîtrisé par une réalisation sans faille. La distribution plus que savoureuse est emportée par une Audrey Tautou totalement inouïte comme on dit chez les Esquimaux.
La petite Amélie vous l'avait bien promis, son destin est fabuleux dépêchez-

.vous d'en être les chanceux témoins. Une invitation au bonheur ça ne se refuse pas.