JEANNE D'ARC

De Luc Besson, avec Milla Jovovich,
Dustin Hoffman, John Malkovich,
Faye Dunaway, Tchéky Karyo, Vincent Cassel...

Durée 2h40

Alors que les ricains finissent le millénaire avec des sabres laser à double tranchant pour empêcher toute intelligence de repousser, l'événement français de 1999, lui, prendrait plutôt ses sources dans le passé avec un film aux combats d'épées qui ne sentent pas forcément la rose mais la bonne sueur sanguine et guerrière. Luc Besson fait depuis quinze ans une carrière impensable pour un cinéaste hexagonal.

Respecté à Hollywood, connu et reconnu par le public du monde entier, seule la critique professionnelle a une dent contre lui. S'en moquant, il suit son petit bonhomme de chemin avec des sujets lui tenant à coeur et qui ont le mérite d'être pour le moins diversifiés. Ainsi, du bleu océan, aux aventures noires d'une ex-junkie en passant par la S.F. colorée, nous sommes toujours surpris par l'étendue de ses talents même si l'on peut faire la fine bouche quelques fois. Continuant à composer par fine couche son arc-en-ciel cinématographique, il réalise aujourd'hui une version personnelle et grand public de cette Jeanne la pucelle. Alors qu'il est avant tout un carnassier de l'image, Besson s'intéresse aujourd'hui aux voix de Dieu qui restent encore et toujours impénétrables et impénétrées à l'image de sa nouvelle héroïne dont il aurait pas mal bûché l'histoire avant de se lancer dans cette évocation brûlante de feu Jeanne d'Arc.

Il était une bergère, et ron et ron petit patapon... Si elle avait entendu la voix de St Garcimore : "La petite souris elle a fait pèpè " peut-être serait-elle devenue éleveuse de rats ou magicienne à ses heures perdues. Mais les apparitions dont la jeune Jeanne d'Arc fut victime à l'époque étaient beaucoup plus divines puisqu'elles se nommaient St Michel, Ste Catherine et enfin Ste Marguerite qui lui donnera l'ordre de se rendre en France pour bouter les Anglais qui venaient d'y débarquer. Alors que certaines auraient dit "eh ben tampax", Jeanne, après hésitation, va chausser son fidèle destrier pour se rendre à Chinon.

Tentant un raccourci que jamais elle ne trouva, elle rencontrera le futur roi Charles VII et le convaincra de lui laisser une armée afin de lutter contre les envahisseurs au doigt levé quand ils boivent du thé. Avec son armure, cette véritable dame de fer aidera à la délivrance d'Orléans et au sacre du suzerain. Ainsi Jeanne d'Arc, de triomphe en victoire, connaîtra un destin hors pair qui se finira tragiquement par sa capture par les grands bretons (assez mauvais joueurs comme toujours). Elle sera ainsi condamnée d'hérésie par l'évêque Cauchon qui ne l'aura pas crue mais cuite puisqu'elle sera brûlée vive à Rouen. S'adressant au ciel pour la dernière fois, elle aurait dit avant de mourir : " pourvu qu'il pleuve" (coupé au montage).

Art mûr pour Besson... Pour ses quarante ans, Luc Besson nous offre un spectacle d'une force et d'une vivacité incroyables tout en le traitant avec un point de vue véritablement adulte. Avec une réalisation du feu de dieu (Kounen et Kassovitz ont participé pour quelques plans), il nous emporte littéralement au coeur du XVème siècle avec tous les ingrédients pour nous esbaudir pendant 2h40. Le premier élément et le principal n'est autre que l'actrice principale Milla Jovovich. En choisissant Milla, il a mis dans le mille tant il est vrai que pour interpréter Jeanne d'Arc, il n'aurait pas fallu une flèche brisée. Ce n'est de toute façon pas le cas ici, car prenant à bras le corps son rôle et en le forgeant en personnage survolté et pas bêtement illuminé, elle le rend limpide comme du cristal d'Arc. Il ne saurait d'ailleurs pas étonnant qu'elle remporte quelques prix d'interprétation tant elle le cheval bien.