|
HOLY SMOKE |
||
Le cinéma néo-zélandais n'est pas forcément aussi reconnu que Patrick Bruel dans une pizzeria, il n'empêche que quand il se lâche il peut se vanter de quelques perles. Jane Campion en est une. Avec Sweetie et un Ange à ma Table elle se fit ses premières dents en croquant les vies de personnages hors pairs telle celle de la romancière Janet Frame. Mais c'est en 1992 et après avoir hésité longtemps entre l'accordéon à bretelle, le trombone à coulisse et le gazou tout court qu'elle se décida pour une Leçon de Piano bien particulière qui lui fit remporter son plus gros succès à la fois critique et public. Depuis, elle est devenue une cinéaste respectée à Hollywood même si elle est avant tout une véritable scénariste qui a un regard juste et beau sur ses "lady héroïnes" qui ne viennent ni d'extrême orient ni de marchés persans. Aujourd'hui, elle nous fait s'intéresser à une jeune fille en quête de mystique, qui n'est pas la dernière trouvaille de Mme de Fontenay, et qu'elle va envoyer tout naturellement au pays de l'opium , de Shiva et de l'implacable tourista. |
|
|
Karma soutra. Ruth est une jeune fille australienne dont le vide existentiel pourrait donner le vertige. Ne comprenant plus le monde qui l'entoure, elle quitte le pays des kangourous pour celui des grands gourous. Se posant sur le plancher des vaches sacrées, elle va faire la connaissance d'un maître penseur qu'elle prendra pour une apparition divine. Lui faisant croire à la connaissance parfaite et à la félicité éternelle, la petite tombe sous le charme et va se sentir comme investie par ces belles paroles qui lui indiqueront quoi penser, quoi croire et quoi manger (même si son initiateur à l'Inde dit : des patates, mardi : des patates, mercredi : des patates aussi... (et 1 euro 50 dans le norain). |
||
Sa famille s'inquiétant de cette emprise pas très catholique, va s'empresser de ramener Ruth et les griefs sur notre société occidentale. Pour reconquérir un esprit sain dans un corps aux beaux seins, ses parents vont demander l'aide à P.J. Water sorte de désenvoûteur, spécialiste de la déprogrammation spirituelle. Va alors commencer un curieux jeu entre les deux protagonistes car l'affrontement va très bientôt virer de bord en passant de la religion à celui du sexe qui est plus dur et plus palpable mais souvent aussi plus complexe. Jane Campion, cinq films en dix ans, a écrit cette histoire avec sa soeur Anna. S'il n'est pas son meilleur loin s'en faut, nous pouvons tout de même qu'admirer son actrice principale qu'est Kate en Ruth. Totalement rayonnante et portant à bout de bras cette oeuvre loin sans faute elle nous fascine par son énergie, sa luminosité dégagée et sa beauté callipyge. Harvey Keitel dans son rôle d'exorciste spirituel un brin fragile et dépourvu nous fait un numéro réjouissant dont il a le secret. Dommage alors que Jane n'ait pas tout à fait réussit son récit car "Holy..." avec Kate cela mettait franchement en appétit. |
|