LES DESTINÉES SENTIMENTALES

D'Olivier Assayas, avec
Charles Berling, Emmanuelle Beart, Isabelle Huppert,
Julie Depardieu, Armelle Québel...

Durée : 3h.


A l'énoncé du titre, on se dit : tiens, Lelouch a refait un film sur des gens qui n'auraient jamais dû se croiser mais que le destin a fait se réunir et tomber amoureux. Vous l'accommodez avec des cha-ba-da-ba-da, une plage à Deauville, des pensées sur les pouvoirs de la pleine lune et les coïncidences heureuses et finalement, on se dit qu'on va réfléchir encore un peu avant d'y aller. Heureusement, Les Destinées Sentimentales ce n'est pas ça. Il s'agit avant tout d'un livre de Jacques Chardonne, publié dans les années 30 et dont l'écriture reste d'une grande modernité encore aujourd’hui. Et c'est Olivier Assayas qui adapte ce chef-d'oeuvre de la littérature française. Etonnant lorsque l'on connaît l'homme puisque habituellement, il préfère le cinéma d'auteur intimiste mettant en scène des personnages tourmentés, en quête d'eux-mêmes, parlant de leurs problèmes existentiels un peu comme dans "Hélène et les Garçons", mais en moins vomitif.

Destinés, nous étions tous les deux destinés. Au début du siècle, dans un petit bal en Charente, se rencontrent pour la première fois Jean Barnery et Pauline, fille de marchand de cognac. A la première seconde, au premier sourire, Cupidon va faire son apparition. Jean est un pasteur mal marié qui va changer de vie et de femme pour les beaux yeux de la douce Pauline. Laissant son ex dans la douleur et dans l'excès, Il n'écoutera que ses envies et deviendra un grand patron porcelainier. Pendant trente ans, il vivront dans le même bonheur. Et tant pis s'il y a la guerre, les familles, les "on-dit", leur passion restera indemne malgré vents et marées et puis les mouettes aussi.

Avec un budget colossal, Olivier Assayas bouscule le classicisme souvent en vigueur dans ce genre de film romantique. Pendant trois heures, il arrive à nous émouvoir et à nous faire rêver devant ses amants passionnés. Il faut signaler l'interprétation formidable d'Emmanuelle Béart, Isabelle Huppert pour ses apparitions, mais surtout l'admirable jeu de Charles Berling qui à lui seul méritait la palme à Cannes.