AMERICAN BEAUTY


De Sam Mendes, avec Kevin Spacey,
Annette Bening, Thora Birch, Wes Bentley, Mena Suvari,...

Durée 2h02

A l'annonce du titre, on a un peu peur de se dire que cela va être encore un film avec une brochette de minettes à grosses bouches et aux soutifs comblés bonnes pour le festival de connes, qui aura un scénario aussi léger qu'une plume d'huître et où les momirons, non, où les mômes iront car la pub passe en boucle sur des radios comme Fun ou NRJ depuis bientôt trois semaines.

Heureusement pour tout le monde, ce n'est absolument pas le cas ici. Car avec ce titre trompeur, Sam Mendes, metteur en scène de théâtre et dont c'est le premier film en tant que réalisateur, signe, ici, une oeuvre autrement plus inspirée sur le déclin d'un empire américain dont on parle souvent mais que l'on voit rarement.

Kennedy et lui. De loin, Lester Burnham est un employé modèle, un mari fidèle, un père de famille comme il y en a des milliers. Mais l'approche de la quarantaine va le tarauder. Ne supportant plus tout ce petit confort casanier et confiné, avouant même après une bonne branlette sous la douche que c'est le meilleur moment de la journée, il va vouloir se reprendre en main et changer d'univers.

Bazarder son boulot qu'il déteste, se remettre à baiser sa femme qui s'envoie ailleurs et reprendre les relations avec Jane, sa fille, qui sont quasi-inexistantes. Mais son fantasme le plus dur et le plus persévérant n'est autre qu'Angéla, la meilleure amie de sa gamine, blondinette délurée, totalement "cute" et pom-pom girl de talent qu'il aimerait bien croquer sur un nuage de roses. Il va alors tenter de réaliser tout ce dont il rêve même si le bonheur ne pourra être qu'éphémère voir dangereux....

Renvoyer paître une société où l'on se sent moutons de Panurge est un thème que l'on retrouve fortement sur les écrans actuellement. Après Fight Club qui se voulait féroce et violent par des images et un montage choc, Sam Mendes nous livre une oeuvre d'une grande maturité où ce n'est pas la peine de faire sauter des immeubles pour changer la vie.

Kevin Spacey peut rêver à un oscar tant sa performance mérite à elle seule le déplacement. Traversée de moments forts, drôles, de rêves magnifiques et de drames douloureux, cette oeuvre est un mot : une réussite totale (qui en fait trois).