Sondage CAP2000 : les jeunes et Angoulême

interview de Jean-Claude Caraire (CAP 2000)



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Qu'est ce que CAP 2000 ?

CAP2000 est un collectif "d'agglomération", créé aux dernières élections municipales. Nos membres s'interrogent et se forment sur la politique de coopération inter-communale. Nos membres sont des personnes, élus ou citoyens ,qui refusent l'enfermement de la politique locale dans les structures strictement communales qui ne nous semblent plus correspondre aux nécessités actuelles.
Nous nous rencontrons au niveau de projets concrets au niveau de l'intercommunalité de la ville d'Angoulême et le démarrage s'est fait autour de thèmes comme les déchets, le projet de piscine patinoire , la politique du logement. A partir de ces thèmes, nous avons découvert que les pratiques politiques s'intèressaient plus à la gestion financière des projets plus qu'à leur élaboration concertée.

Pour résumer, CAP 2000 est un collectif de citoyens et d'élus qui est à la charnière entre la politique et l'associatif, qui vise à promouvoir au niveau intercommunal la démocratie participative.

Comment vous est venu l'idée de ce sondage ?

Quand le projet "piscine patinoire" a été monté, on a dit : " les jeunes ont envie d'une piscine patinoire " et " le projet piscine patinoire va résoudre le problème des jeunes délinquants dans les quartiers " mais il n'y avait aucun élément de jugement sérieux et objectif: pas de sondage , pas de concertation avec les associations concernées..
Même problème pour le projet médiathèque, le palais des congrès ou la fusée Tintin : à chaque fois les décisions sont prises plutot sur une intuition, pas forcément mauvaise d'ailleurs, que sur une concertation.
Pour nous, dans la cadre de la démocratie participative, nous pensons qu'il faut utiliser tous les moyens mis à notre disposition pour essayer de cerner au plus près les attentes de la population et ne pas fonctionner sur des préjugées.
Le sondage nous parrait un de ses moyens, pas le seul






Quel niveau de fiabilité ?

5 à 6 % d'erreur pour un échantillon de 300 personnes.

Quels sont les principaux enseignements de ce sondage ?

Un premier constat : une majorité des jeunes aiment Angoulême mais un quart des jeunes trouve qu'il s'agit d'une ville de "vieux" sans "ambiance" pas assez animée. Plus de la moitié des jeunes se trouve mal informée. Plus d'un tiers ne trouvent pas sur Angoulême des loisirs qu'ils attendent. Autre élément surprenant : deux tiers des jeunes s'estiment en insécurité le soir et la nuit en particulier au centre ville...
Par ailleurs, ils plébicitent le festival BD, les musiques metisses parce que ce sont des rencontres chaleureuses qui animent Angoulême à l'image de ce qu'ils aimeraient pour leur ville ; ils estiment qu'il manque une salle de concert (56%) et des lieux de rencontre...
Le projet piscine patinoire est fortement plébiscité mais son implantation est aussi fortement contestée...
La médiathèque, qui est peu citée spontannément apparait comme un projet utile voire indispensable : 72% aimerait qu'elle soit au centre ville.
Dernier point, 75%des sondés sont satisfaits des formations mais une forte minorité souhaite des formations plus diversifiées ,notamment au niveau des sections universitaires.

Par rapport à la notion d'insecurité au centre ville, les réponses sont étonnantes...

Oui, le sondage cerne un sentiment d'insécurité...Beaucoup de gens ont été un peu surpris ! Quand on a présenté le questionnaire à Madame le Préfet, elle a été surprise car les faits d'insécurité baissent et les actes de déliquances aussi...
Mais, ce sentiment d'insécurité au centre ville est exprimé...Est ce dû au bruit qui est fait autour de certains actes de délinquance ? Cela mérite d'être pris en considération...

Aucune question posée sur l'Emploi ou la Sexualité ?

Oui, des jeunes nous l'ont fait remarqués pendant le débat...En fait, il faut remonter à la génèse du questionnaire : CAP 2000 se préoccupe plus particulièrement de la coopération intercommunale, le questionnaire a été un peu calqué sur des questions qui relèvent de la communauté d'agglomération.Or, à l'époque, la communauté d'agglomération n'avait pas la compétence économique.
C'est vrai que le questionnaire ne prétend pas saisir toutes les problématiques jeunes et a aussi laissé de côté la sexualité.Avec nos petits moyens il fallait faire des choix.

Selon vous, faudrait il développer une communication spécifique vers les jeunes ?

Je pense qu'il n'y a pas UN type de communication à mettre en place vers les jeunes. Mais, c'est vrai qu'aujourd'hui, à commencer par les journaux, les moyens existants ne touchent pas les jeunes. Il faut s'interroger sur les différents moyens de les atteindre...Donc, une communication, oui ,mais avec différents supports...Cela nous apparait comme un problème fondamental.






Quel peut être l'utilité de ce sondage pour les élus ?

Deux utilités : d'abord mesurer l'écart entre les réprésentations que se font les politiques des problèmes des jeunes et les réprésentations des jeunes eux-mêmes. Aujourd'hui, les politiques sont vraiment décalés par rapport à la façon dont les jeunes se réprésentent leur cité. Il y a là un "trou" important à combler.Il en découle la deuxième utilité de ce sondage:la nécessité de mettre en place des outils de concertation pour avoir en permanence le point de vue des jeunes. Au niveau local, cela pourrait se faire au niveau de la communauté d'agglomération.

Et maintenant, qu'allez vous faire ?

Nous avons déjà vu Madame le Préfet. Bientôt, nous irons rencontrer le Président de la Communauté d'Agglomération, M. Dumergue pour lui suggérer qu'à partir des questions soulevées dans ce sondage, il fasse réaliser d'autres enquètes (sous cette forme ou sous une autre) en particulier sur les notions de "lieux de rencontre",sur les "formations" et sur l'"insécurité".

Votre conclusion ?

Nous avons vérifié au travers de ce sondage l'insuffisance des responsables politiques, nous compris, à avoir des relations permanentes avec les jeunes. En même temps, nous constatons que les jeunes sont sur des problèmatiques très consuméristes. Nous avons un peu la crainte que les jeunes ne s'intéressent à leur cité que dans la mesure où ils y trouvent à consommer...On ne les ressent pas forcément comme des acteurs. A nous de leur donner de la place pour participer et pas seulement pleurer sur les manques.


Mis en ligne le 9 mars 2000.


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